Le temps d’Uranie

Lucas Clément, hanté par un drame familial, voit brusquement son passé ressurgir à l’annonce du décès d’un oncle avec lequel, quelques années auparavant, il avait pénétré les arcanes du Magistère alchimique.
La mort étrange de celui-ci, l’héritage que reçoit le jeune homme : un recueil d’estampes du Quattrocento Les Tarots de Mantegna, aussi fascinant qu’unique de par la particularité qu’il recèle en marge de ses images, vont amener le jeune homme à plonger dans les méandres d’une initiation délétère.
En essayant de comprendre pour quelle raison ce livre muet a été dissimulé au dos de la « céleste » Uranie, tableau allégorique de la même époque, c’est tout l’univers humaniste italien qui nous est ainsi dévoilé.

De Paris à Ferrare, de Lyon à Florence, du Vézelay ésotérique à un massif central tellurique, alchimie, magie, franc-maçonnerie s’interpénètrent avec passion par-delà l’espace et le temps pour nous livrer une histoire placée sous le sceau de la quête de soi et de l’amour.

Car dans le Temps d’Uranie, portés par des personnages qui vont aider Lucas dans sa remontée aux sources ou se dresser contre lui, couvent la haine et la peur, l’esprit du beau et l’amitié ; autant de sentiments qui ont parcouru les courants souterrains d’une pensée Renaissance et qui retrouvent dans ce livre une seconde vie.

EXTRAIT

‘ Camerino, mars 1497 Jour – 18
Il pouvait encore entendre le grésillement des flammes, discerner les visages auréolés d’hébétude ou de tension extatique. Il pouvait encore sentir, collée à sa peau, la puanteur de la honte qui s’était abattue sur la ville, la cruelle effluence de cuir et de bois brûlés. Il était fatigué. Fatigué de la folie de ses semblables qui s’obstinaient à ne pas comprendre. L’indice de mort était dans son ciel, il ne pouvait plus se permettre d’attendre. Il craignait pour son Livre, sa plus belle réalisation. Il devait effectuer ce voyage avant de suivre son maître sur les voies de l’illumination ultime.
***
Lyon, automne 2007
Arrivé devant l’immeuble, le jeune homme lève les yeux sur la galerie croisée d’ogives, remonte ainsi de deux étages, une lumière flirte avec le crépi rosé ; Etienne Gabriagues n’a donc pas quitté l’appartement. Loin au-dessus des toits, un nuage aux contours reptiliens s’obstine à stagner dans le ciel. Au commencement, il y eut une nuée d’orages… et ensuite la descente dans le monde obscur. Lucas inspire (sale odeur de poubelle qui déborde) pour calmer les battements désordonnés de son cœur et pénètre dans la cour de graviers. Aucune fausse note ne devra venir troubler sa soirée. Il lui faudra s’affirmer détendu et serein pour tenir à distance sa morne anxiété. Thiébault est mort, drôles de journées à venir… Détaché d’une confusion dont il ne sait que faire, Lucas a décidé de suivre les traces de son oncle. Contrairement à ce que lui a déclaré l’historien, il n’a pas d’alternative. Une brèche s’est ouverte en lui, il est en état de siège. La fuite ne justifie plus rien, sa mémoire est de nouveau à vif. Suivre les traces de son oncle et en premier lieu s’attacher à séparer la terre du feu, le subtil de l’épais, délicatement, avec grande intelligence. Ce serait l’idéal bien sûr, délicatement, avec grande intelligence, mais déjà se mettre sur la voie du VITRIOL… « Visite l’intérieur de la terre, en rectifiant, tu trouveras la Pierre cachée. » Pour l’heure, c’est le Livre qui a été caché. Dès qu’il sera rentré, il faudra que l’historien l’entretienne du tableau. Sept, six, cinq… Le tableau qui dissimule en lui bien des singularités.’

Les tarots de Mantegna

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