Début du XIIe siècle, le monde ne sera plus le même…
En Palestine, Jérusalem est tombée aux mains des croisés. Deus vult, Dieu le veut, la terre se déchaîne, une mer de sang ravage la région. C’est dans ce fracas des armes, ce tumulte des cœurs qu’Onfroi de Saissac, obscur chevalier occitan, va se voir confier une mission pareille à nulle autre : emporter dans le Midi de la France où est une Pure est née, où de Nouveaux Chrétiens espèrent apporter la lumière aux hommes le Graal parmi les graals. Mais dissimuler et protéger la Pierre de Vérité de la furie et de la convoitise des plus exaltés est un chemin semé d’embûches.
Tant de destinées vont se mêler et se confronter… Tant de personnalités vont se révéler jusqu’à se perdre parfois. Autour d’Onfroi de Saissac, la frondeuse Asseline, qui se rebelle contre sa condition de pucelle ; Raoul de Montady, prêtre et sicaire du Christ égaré dans les limbes de sa foi ; Muriette, l’enfant prodige, Élue de Dieu, agneau voué au sacrifice…
L‘Esprit du Graal est un roman à l’atmosphère épique, quête de vie et de sens dont les péripéties nous transportent d’un côté et de l’autre de la mer avec la passion de la grande et de la petite histoire. Construit comme un thriller, richement documenté, magnifié par des personnages à l’identité forte, il nous dévoile une période pleine de bouleversements : celle de la première croisade en Palestine, de l’émergence du catharisme en Occident, de la naissance des Templiers au Levant.
Chronique: « Mes promenades culturelles »
« J’ai pris mon temps pour lire ce roman car je ne voulais pas risquer de passer à côté de quelque chose. Les fêtes achevées, la famille partie, l’appartement rangé, me voici donc à nouveau le nez dans les livres. Et comme vous le savez, je ne résiste jamais, faible que je suis, à l’appel du Moyen Âge. Rien que le titre est déjà un enchantement, la couverture, une évasion… Si l’on me cherche, je suis en voyage, destination le XIIe siècle, entre Jérusalem et Carcassonne. Merci de ne me déranger sous aucun prétexte !
Attention Pépite ! Et je vous assure que je pèse mes mots ! J’ai été littéralement happée par le vortex stylistique de Chloé Dubreuil qui n’a pas son pareil pour nous faire vivre des épisodes historiques ou pseudo-historiques. Âmes sensibles, vous allez vous endurcir ! Sur certains points, le monde médiéval est âpre. On ne fait pas dans la dentelle… Et quelques instants, relatés comme si on y était, font froid dans le dos. Je pense notamment à l’exécution par le pal du seigneur de Montady devant Raoul, son fils de neuf ans… J’en ai encore la chair de poule ! Ajoutons à cela le récit d’une émasculation partielle… On n’y va pas de main morte ! Mais pour compenser toute cette violence, on a aussi de beaux moments. L’instant où Asseline « devient femme » est d’une splendeur ! Bref, on tourne les pages fébrilement, on a hâte de savoir ce qui va se passer… L’atmosphère ésotérique vous prend et ne vous lâche plus !
Et ce final ! Éblouissant ! Mais dites-moi un peu, Dame Chloé, n’auriez-vous pas été conteuse ou poétesse dans l’ancien temps ? Bon, je pense que vous l’aurez compris, j’ai adoré ce texte qui ne ressemble à aucun autre. Je suis toujours surprise (dans le bon sens du terme) par les écrits de notre romancière et j’en redemande ! »
SYNOPSIS:
1099, Jérusalem. Tandis que les soldats de la première croisade investissent la ville, le chevalier Jean de Mareuil répond à l’appel d’une Voix qui va le mener dans les soubassements du Temple et lui montrer ce que sera l’avenir de l’Homme. Telle est dès lors la prophétie de l’An Mille.
Au même moment, en Occitanie, un jeune garçon, Raoul de Montady, assiste à la mort de son père, empalé vivant dans sa tombe, la bouche bridée de fer, parce que sa mère et leurs villageois pensaient leur seigneur voué à l’astre nocturne.
Sept ans plus tard, par une nuit de la Saint-Jean, alors qu’une comète balaie le ciel de Castres, Asseline, fille d’artisan, aide à donner naissance à l’enfant de sa chambrière. La fillette aux yeux d’émeraude porte sur sa chair la marque de Dieu : sept sceaux signifiant l’imminence d’un monde nouveau…
L’enfant sera l’Élue, celle qu’attendaient les Gardiens de la Pierre de Connaissance tombée du front de Lucifer, Graal parmi les graals gardé dans un temple secret aux côtés de l’Arche d’Alliance et que le chevalier Onfroi de Saissac va avoir comme mission de mettre à l’abri dans le Midi de la France. Car la terre d’Israël va être livrée au chaos, il n’y aura plus de siècle béni pour elle ; le Graal doit être préservé de la furie des hommes.
Mais l’adversité noue ses liens avec la quête d’Onfroi. Initié à la Confrérie de la Vierge, le sire de Saissac va se voir opposé dans sa mission à Hugues de Payns et ses chevaliers du Sépulcre qui espèrent après l’Arche d’Alliance. Raoul de Montady, devenu prêtre, habité par sa foi, obsédé par l’idée de mort, se fera sicaire du Christ et auxiliaire du fondateur des Templiers en Occitanie pour débusquer la menace qui pèse contre son Église.
Afin de préserver le Graal et parce qu’il doit identifier l’Élue avant de l’unir à la Pierre, Onfroi de Saissac refonde un temple caché dans les tréfonds du Pech de Bugarach. Sept nouveaux membres devront être choisis pour se préparer avec lui au jour de la confrontation avec leurs ennemis. Asseline, qui apprendra être la fille d’Onfroi, quittera définitivement sa condition de femme pour devenir un fin archer à ses côtés. D’autres compagnons s’associeront à eux et notamment le conteur Tancrède Perlesvaux, beau blondin qui réconciliera la damoiselle avec l’amour et aidera la Confrérie à retrouver l’enfant aux yeux d’émeraude.
Tous seront confrontés à la souffrance et aux durs revers de l’existence avant de se révéler dans leur quête. Mais aucun n’y risquera autant sa raison que Raoul de Montady. Et même si l’Infidèle Marie, venue avec lui d’Outre-mer, saura lui montrer que les tourments de l’âme peuvent être adoucis par les exaltations de la chair, le prêtre finira par tuer celle qui aurait pu le sauver et se détourner de ses semblables pour ne plus avoir qu’un but : détruire la Pure qui parle à l’oreille des Bons Hommes, ces Nouveaux Chrétiens auprès desquels elle aura grandi.
Roman d’aventures, L’Esprit du Graal associe avec passion petite et grande histoire et nous fait découvrir d’un œil nouveau une période pleine de bouleversements : celle de la première croisade en Palestine, de l’émergence du catharisme en Occident, de la naissance des Templiers au Levant.
PROLOGUE:
Jérusalem, juillet 1099
Je vois et je sais, Seigneur…
– Je vois et je sais, répète en bredouillant Jean de Mareuil avant de tomber à genoux.
Ses mots se répercutent d’une paroi de pierre à l’autre et la lumière surnaturelle qui l’a submergé disparaît soudain, le laissant orphelin au milieu des ténèbres.
Le chevalier s’est aventuré jusque dans la bouche de l’Enfer et ses yeux ont découvert dans le Ciel ce qui sera et il a franchi l’espace et le temps d’un seul pas. Maintenant, que la volonté de Dieu soit faite : il devra proclamer ses visions à ses pareils, ouvrir les vannes de l’apocalypse.
– Mais quand ton royaume s’instaurera-t-il, Seigneur ?
Le murmure de l’homme reste suspendu un long moment dans l’air humide avant de retomber. Le lieu semble alors se rétracter jusqu’à vouloir étouffer le chevalier en son sein.
À genoux toujours, de Mareuil serre fébrilement la bande de cuir qui ceint la soie de son épée et tend l’oreille. En dehors du trottinement des rats, le silence est obsédant. Plus de fracas ni de gémissements. Le rythme du tambour et les alléluias… Le déchaînement du ciel et de la terre… Et la marée d’hommes, de gargouilles et de monstres ; des corps d’hommes à gueule de monstres ! Et ce déluge de foutre et de sang. Jusqu’à ce que l’univers ne soit plus et que de ce néant naisse l’homme-dieu.
Jean est seul dans le bas-ventre du Temple. La torche qui l’a conduit en ces profondeurs s’est éteinte, mouchée par le souffle du Très-Haut. Il est seul, mais un regard suprême persiste en lui et celui-ci le guidera dans le dédale des galeries pour le ramener à la surface du monde, dans ces rues et sur ces places où, comme en prélude à sa prophétie, s’amassent têtes et corps. D’hommes, de femmes, de vieillards, d’enfants – arbre et graines détruits ; tous Mahométans qui ont couru, affolés et hurlant, qui ont été débusqués, traînés tels des rats hors de leur repaire.
En cette fin de onzième siècle, la croisade du Pape et de ses Barons a cueilli ses fruits : Jérusalem est tombée, l’assaut a été sans pitié. Au bout de quarante jours à peine, la cité sainte s’est rendue et les Infidèles qui la peuplaient ont été punis de leurs outrages. Tous occis, passés au fil de l’épée, parce que le jugement de Dieu, juste et admirable, veut que ce lieu reçoive le sang même de ceux dont les blasphèmes l’ont si souvent souillé.
L’on a pataugé jusqu’aux chevilles dans une rouge mélasse. Écuyers et hommes de pied, pèlerins et moines ont raflé l’argent, pillé les maisons, fendu le ventre des notables pour arracher de leurs entrailles les byzantins d’or, les bijoux et perles que ces derniers avaient avalés, croyant ainsi les sauver. Même les Juifs déicides n’ont pas été épargnés !
Et maintenant clercs et laïcs croisés prient, pleurent de joie au pied du tombeau du Christ tandis qu’au-dessus de Jérusalem, une complainte effrayante leur fait écho : le chœur des corbeaux qui voile déjà de noir la sainte cité.
Ô temps si ardemment souhaité, ô temps mémorable entre tous les temps.
Ô événement préférable à tous les événements, que les cendres de l’Islam soient répandues aux quatre vents !
De grandes fumerolles montent dans le ciel. Le cœur de quel dieu saigne ?